À Porquerolles, la Fondation Carmignac est une parenthèse hors du temps en pleine nature

undefined 9 mai 2023 undefined 12h00

Sarah Leris

On ne dirait pas, en s’enfonçant dans les bois de Porquerolles, que nous attend un voyage culturel de haut vol, mais il faut pourtant attendre d’atteindre le bout du chemin — pas très long, un quart d’heure tout au plus depuis le village — pour découvrir une maison comme taillée dans la pierre, et qui se fond parfaitement dans le paysage. Au milieu de la pinède et des oliviers, à sa place, il y avait une ferme visible dans Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (1965), transformée dans les années 80 par l’architecte Henri Vidal en villa surélevée pour voir la mer et entourée de 35 hectares de vignes. La Villa Carmignac est née, et cette bâtisse de pierres blanches bouleverse nos repères et nos sens.

© Fondation Carmignac - Photo Camille Moirenc

Édouard Carmignac tombe amoureux des lieux (comment ne pas en tomber amoureux ?), et c’est par son initiative qu’en 2014 les travaux démarrent pour métamorphoser la villa en fondation d’art contemporain. Tout se passe sur plusieurs niveaux : la visite nous emmène, pieds nus, dans le sous-sol baigné de lumière, éclairé par un plafond d’eau transparent, éclaboussé d’éclats et de reflets. La lumière y est folle, au centre comme dans les pièces autour formant un plan en forme de croix, et les expositions annuelles valent chacune le temps d’y flâner, de s’y perdre et d’oublier l’extérieur. Véritable havre de paix, le silence qui y règne est religieux, parfait pour visiter les 2000 m2 d’espace souterrain. Une fois remonté, on profite une dernière fois de la vue mer pour aller se perdre dans les jardins, et là, tenez-vous bien, le souffle est coupé.


Une villa dans les vignes avec vue sur mer

Entre œuvres permanentes comme cet immense miroir qui reflète la nature signé Jean Denant, cette imposante sculpture en bronze de Miquel Barceló à l’entrée de la Villa ou le déboussolant labyrinthe de miroirs de Jeppe Hein, les espaces extérieurs n’ont presque rien à envier aux expos temporaires abritées par la Villa. Entre la forêt, les vignes et les oliviers, on déambule dans ces jardins pensés en harmonie avec l’île de Porquerolles, monument naturel du parc national de Port-Cros classé espace remarquable. La visite se termine sur le terrain de tennis caché dans la forêt, et si vous êtes chanceux, vous tomberez peut-être sur un jour de festivités, avec l’organisation récurrente de projections de films tous les jeudis soirs en juillet et en août, et de concerts, notamment lors de Jazz à Porquerolles et du Midi festival en juillet.

Miquel Barceló, Not titled yet, 2018 © Fondation Carmignac - Adagp, Paris, 2023 – Photo : Luc Boegly, David Desrimais Editeur

En plus d’être absolument magique, la Villa a le souci de la protection de l’écosystème fragile et préservé de l’île de Porquerolles. Ici, on s’éloigne de la présence de l’homme et on se rapproche de la nature : des espèces pionnières côtoient des végétaux plus rares et protégés, il n’est pas rare de croiser des oiseaux de toute beauté, les œuvres apparaissent et disparaissent au loin comme par un tour de passe-passe, au détour du chemin, à travers les arbustes et les plantes exotiques. On en ressort léger comme tout, sur notre petit nuage, avec la forte hâte de notre prochaine visite l’année suivante. Immanquable, on vous dit.

Jeppe Hein, Path of Emotions, 2018 © Jeppe Hein - Photo : Marc Domage

© Camille Moirenc

Fondation Carmignac
Île de Porquerolles – Hyères
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