Le premier village de Tiny House en France a vu le jour en Bretagne

undefined 9 septembre 2019 undefined 19h50

Juliette Darmon Martinet

On a rencontré Aurélie Moy, cette jeune ingénieure de 25 ans qui a créé le premier village de Tiny House en France, à Saint-Brieuc. Construites en bois de forêts françaises et autres matériaux naturels, renouvelables, sains et locaux, ces petites maisons sur remorque sont un vrai cocon écoresponsable que beaucoup risquent d’adorer. Très aligné avec ses valeurs de respect de l’environnement, ce projet lui tient beaucoup à cœur.


Après un Bac S, des études à Polytechnique et une spécialisation en sciences pour les défis de l’environnement, suivi d’un master en ingénieur environnemental spécialisé en système durable à Sydney, Aurélie n’a cessé de nourrir son amour pour le développement durable et l’écologie. Devenue une vraie raison d’être, elle décide de se lancer dans un projet perso il y a deux ans : « My sustainable house », la construction d’un village de tiny houses.

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Elle commence à dessiner les plans de sa tiny de rêve dans sa chambre étudiante en Australie. Combien ça couterait de faire construire une tiny, combien de temps il faudrait, quels matériaux utiliser, quels constructeurs contacter… Tant de questions auxquelles la jeune femme a cherché à répondre. Car c’est justement après de nombreux voyages, et toujours une valise de 23 kilos à bout de bras, qu’elle s’est rendue compte qu’elle n’avait pas besoin de plus pour vivre. Une belle prise de conscience qui l’a de plus en plus attiré vers le minimalisme. « Non seulement les tinys s’alignaient parfaitement avec mes valeurs écologiques, mais être propriétaire d’une petite maison sans avoir à s’endetter était un rêve, une forme de liberté inouïe. »

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Une tiny, c’est entre 50 et 60 000 euros, sur mesure et toute équipée. « Mon père était propriétaire d’un terrain en friche de 3 500m2 dont il ne faisait rien. Je lui ai parlé du projet, je savais que je devais le faire maintenant et je l’ai convaincu. J’ai commencé par m’atteler à la première que j’ai nommé « Susy » pour Sustainable Systems, le nom de mon master. J’ai contacté l’Atelier des Branchés, des constructeurs de tiny houses sur mesure, qui sont de vrais passionnés de bois et alignés sur les mêmes valeurs que moi. Ca a tout de suite matché ! » Cette tiny fait 15m2, mais comme la jeune entrepreneuse nous explique, il n’y a aucun sentiment de manque d’espace car elle est parfaitement aménagée !

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Avec un tel terrain et de si petites maisons, Aurélie décide d’en faire construire plusieurs pour en faire un village étudiant. « Avec le bassin de 4 000 étudiants à dix minutes de là, il y a toujours un besoin de logement. Et le but était de les sensibiliser aux modes d’habitats alternatifs et aux problèmes environnementaux. » Mais au-delà de ça, le tiny village tend à devenir un laboratoire d’expérimentations autour de l’habitat, du vivre ensemble de demain, de l’éducation et de l’innovation. Aurélie a pensé à tout pour tenter de changer les comportements : un jardin partagé permettra ainsi aux habitants de se reconnecter entre eux et de montrer qu’on peut vivre différemment tout en consommant autrement.

Les 21 tiny houses qui sont prévues à terme ne lui appartiendront pas toutes. Construites sur remorque et transportables en pick-up, ces tinys houses pourront être déplacées par leur propriétaire pour s’en servir d’annexe de vacances et ne pas les sous-exploiter comme le sont les résidences étudiantes. Ces tiny permettront donc d’augmenter l’accueil à proximité des plages sans développer la construction de gros bâtiments sur le littoral. Le reste de l’année, elles seront louées aux étudiants.

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Sur les cinq maisons installées, quatre sont déjà louées pour l’instant par des militants écologistes, mais aussi par des novices plus attirés par le côté mignon de la petite maison. « Là aussi, c’est intéressant de mixer les profils, d’avoir des personnes plus motrices et d’autres moins proactives. » Susy, la première, est unique et les 4 autres ont été construites sur le même modèle avec des couleurs différentes et des noms de fleurs sauvages bretonnes, toutes louées entre 460 et 480 euros par mois. Ces petits bijoux en bois sont un peu au-dessus du marché par rapport aux logements étudiants, mais rappelons qu’ils sont façonnés sur mesure et à la main par deux artisans, et qu’il s’agit d’une maison à soi, au milieu des arbres fruitiers et des fleurs. Les prochaines tiny houses ne devraient tarder à arriver au village.
Les premiers locataires devront se familiariser avec des toilettes sèches pour les deux premiers mois, avant de les valider s’ils le souhaitent. « Le but est de les sensibiliser aux toilettes sèches sans leur forcer la main. Non les toilettes sèches, ça ne pue pas ! Et quand on sait qu’une chasse d’eau gâche environ 6 litres d’eau, on se dit que ça vaut vraiment le coup d’essayer … ! » À terme, une ferme solaire sera également installée et des panneaux solaires permettront de produire une partie de l’électricité du village, mais aussi un système de collecte d’eau de pluie qui permettra de récupérer de bons litres d’eau.

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Mais attention, toutes les tiny houses sont adaptées à un mode de vie spécifique et il faut être prêt à se débarrasser de tout le surplus inutile. « C’est un exercice hyper intéressant de se demander : "De quoi ai-je réellement besoin ?" Savoir optimiser l’espace est un vrai travail, mais c’est un bonheur de vivre avec peu de choses... on se sent serein. »

Avec ce beau projet ambitieux, Aurélie espère contribuer à l’expansion du mouvement des tiny houses en France. De nombreuses personnes sont en quête d’autonomie et ces tiny mobiles laissent un horizon des possibles très large. Ce « laboratoire d’expérimentation » encouragera la mobilité douce et les habitants testeront de nombreux projets autour de la construction du monde de demain pour enclencher la transition écologique et continuer d’inspirer cette impulsion. « L’écologie parait contraignante, on pense souvent qu’il faut faire des sacrifices, renoncer à une certaine forme de confort, mais on a justement décidé de montrer par un projet concret que vivre en respectant la planète sans surexploiter les ressources et surconsommer, peut être désirable, confortable, riche et très plaisant. Le but du Ty Village, c’est de raconter une histoire ! »

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